Un amour de papillon
On m'a dit qu'un battement de coeur à Tokyo pouvait déclencher une tempête à Paris.
Cette nuit-là, les éclairs déchiraient bruyamment le ciel . La Tour Eiffel se dressait, détachée, pare-tonnerre bien aimé. La pluie n'avait pas encore lavé le bithume sali par les va-et-vients incessants des passants, un samedi de septembre. C'est durant cet instant, où le temps est comme suspendu, qu'on a la sensation ancestrale que tout peut arriver. Ainsi en va-t-il des rencontres comme d'un temps orageux : au coup de foudre succèdent le tonnerre et les larmes de pluie qui effacent le regret souriant d'un instant merveilleux.
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Je me remets patiemment à écrire. On ne contrôle pas l'inspiration : c'est elle qui nous convoque. L'effort d'un écrivain doit consister à se rendre disponible ou -mieux- à provoquer cette rencontre avec la Source. Paresseux, j'attends. Je regarde avec de grands yeux le monde tourner. Spectateur perplexe, ayant peur de saisir ses chances, je laisse filer entre mes doigts des flots entiers d'idées. Je referme mon poing : je n'ai pu retenir qu'un grain de pensée. Le transformer en graine et la voir donner naissance à une belle et grande histoire nécessite une patience de jardinier. Je n'ai jamais eu le pouce vert. Alors je collectionne ces grains de pensée en me disant, qu'un jour, j'en aurais suffisamment pour tous les assembler et peindre le tableau de la vie que j'observe avec tant de distances. Parfois, j'en viens même à me demander si je suis bien vivant.
C'est décidé, je tournerai le dos à mes angoisses : j'irai désormais vers l'avant.
One problem, one answer !