Liberté chérie...
Hier, dans le métro, deux amoureux se becquottaient à pleines langues, pendant qu'un ado écoutait à fond son lecteur mp3. La rame n'était pas bondée. J'ai remarqué que certaines personnes étaient indisposées à la vue du couple qui s'embrassaient, que d'autres étaient énervées d'entendre la musique de l'ado et que peu, finalement, ignorait les uns et l'autre.
Le problème de l'espace public ! L'espace qu'on qualifie de « public » appartient-il à tous ou à aucun d'entre nous ? Doit-on se comporter comme si on était chacun chez soi ou chez quelqu'un d'autre (même si certaines personnes ne font pas la différence...) ? Les exemples de comportements qui peuvent paraître gênants sur la voie publique sont nombreux : cracher par terre ou fumer en sont deux qu'on peut rencontrer presque quotidiennement. Prenez l'exemple d'un fumeur qui fume dans la rue. Certaines personnes seront tout de même indisposées par la fumée alors que rien n'empêche de fumer dans la rue.
Si l'espace public appartient à chacun d'entre nous, alors chacun peut y faire ce qu'il veut... dans les limites du raisonnable. Reste à savoir ce qu'on entend par raisonnable. Grande question, à la réponse forcément insatisfaisante dans la mesure où le raisonnable recouvre des sens propres à chaque individu. Certains trouveront « normal » de cracher par terre ou de fumer alors que d'autres jugeront ces comportements inacceptables.
Si l'espace public n'appartient à personne, alors chacun est tenu de se comporter de manière à ne pas gêner autrui. Or, si quelqu'un enfreint cette règle tacite de « bonne conduite », il arrive qu'autrui se manifeste en lui faisant remarquer : « on ne crache pas par terre » ou alors « ne vous embrassez pas dans la rue, il y a des enfants qui vous regardent »... Et là, la réponse se fait souvent cinglante : « mais on fait ce qu'on veut, mêlez-vous de ce qui vous regarde ». Soit ça dégénère, soit chacun passe son chemin.
Deux logiques, deux visions différentes d'un même espace... Et donc des implications qui sont en elles mêmes sources de conflits.
Même si je peux être gêné par la fumée de cigarette, la musique trop forte dans une rame de métro, un couple qui s'embrasse goulument sous mon nez... je ne dis rien. Je mets mes écouteurs sur mes oreilles, pense à autre chose, et... fuis. Oui, dans ces cas-là, je ne cherche pas le conflit, je capitule. Je crois que l'espace public appartient à tous, que chacun est libre d'en user comme il l'entend. A force de dire que la liberté de chacun s'arrête où finit celle des autres, alors on finit par tuer la liberté.
Souvenez-vous de la campagne d'affichage pour le salon rainbow 2005 qui a failli être supprimée du métro parisien... L'une des publicités incriminées sert d'ailleurs d'en-tête à cet article. Plusieurs personnes se sont offusquées que de telles images soient visibles d'enfants notamment. D'autres disaient simplement que ces affiches les gênaient. Ces arguments sont à balayer d'un revers de main : combien de publicités voyons-nous chaque jour sur lesquelles posent des femmes à moitié nues ?
Je crois que la définition de l'espace public tient finalement plus dans la notion de respect que de liberté...