Emporté par la foule
Ce matin, en allant au bureau, j'ai été confronté à une scène d'accident. Un piéton était allongé sur le trottoir, un camion de pompier stationné à ses côtés, et du monde autour. Ayant vu la scène de loin, mais me trouvant sur le même trottoir et devant, pour rejoindre ma station de métro, traverser cet attroupement, j'appréhendais de me retrouver à proximité de ce corps. J'ai donc foncé, tête baissée, sans un regard. Mes oreilles, elles, étaient attentives à ce qu'il se passait, et j'ai entendu des passants demander à un témoin "mais, que s'est-il passé ?". Plus loin, j'en ai vu d'autres qui regardaient, l'air médusé, la sinistre scène : le plus lugubre, c'est qu'elles étaient avec leurs enfants et que ceux-ci paraissaient tout aussi intrigués par le corps inerte sur le trottoir. C'est fou. Je me demandais pourquoi je fuyais ce que d'autres recherchaient.
J'ai repensé à tout cela dans le métro. La rue est un espace public où se jouent toutes sortes de scènes et où se croisent ou se suivent une multitude d'individus. Je me souviens de ce film documentaire où une camera cachée filmait la réaction de cette foule face à un homme allongé par terre en pleine rue. Rien : cette foule l'avalaient, personne, cette fois, ne s'était arrêté. La rue est à l'image de notre société et j'éprouve souvent un certain mal-être lorsque je suis confronté à ce genre de situation-limite.