Le jour où je me suis reposé au Père Lachaise

Publié le par Butterfly

Ma verrà tempo in che il saprai -
come t'amassi confesserai.
Dio dai rimorsi ti salvi allora, ah!
Io spenta ancora pur t'amero.

Le cimetière du Père Lachaise n'est pas un lieu morbide. Lorsque je m'y rends, c'est, sans jeu de mots déplacé, pour m'y reposer. Je n'ai pas trouvé d'endroit, à Paris, plus reposant même si j'ai récemment découvert le petit jardin du musée Carnavalet. Je passais régulièrement devant, mais je n'y étais jamais entré : il s'est avéré offrir un véritable écrin de tranquilité en plein coeur du marais animé.
Avec ses grands espaces boisés et fleuris, le Père Lachaise, qui reste toutefois l'un des lieux "touristiques" les plus fréquentés de Paris, est plus propice à l'évasion. Sa colline domine les hauteurs de Paris et jette un pont entre la ville grouillante de vie et le passé de ces morts enterrés sous nos pas. C'est peut-être dans cet entre-deux sensitifs que je m'engouffre pour me "retrouver". Ni ici, ni là-bas : ailleurs, ou alors à la fois ici et là-bas.
Je dois bien reconnaître qu'en ce moment je suis plutôt d'humeur changeante. Ni tout à fait heureux, ni malheureux, je passe du rire aux larmes, de la colère à la joie en l'espace d'une nuit. Un matin, j'apprécie ce soleil qui illumine mon appartement. Le lendemain, je ne supporte plus cette lumière vive. Et ainsi de suite...
De plus en plus, je prends plaisir à me promener... j'imagine mieux ce que cela pouvait apporter à Emmanuel Kant dont la vie entière était réglée comme du papier à musique. J'aime ce silence relatif, cette quiétude que l'on ressent à défaut d'exister véritablement (l'endroit est très fréquenté). Puis il y a ces amis de l'au-delà que l'on retrouve à chaque fois. Je passe tout le temps devant les tombes d'Héloïse et Abelard ("amants légendaires" comme il est indiqué sur le plan du cimetière), de Gérard de Nerval, troublante de simplicité mais qui m'évoque tellement de souvenirs, et puis celle de Kardec, si énigmatique. Ces promenades ont pour effet de s'oublier, et, à force, d'oublier. Ce mécanisme d'oubli est pour moi une étape nécessaire pour avancer même si je sais qu'on n'oublie jamais. On peut juste enfouir au plus profond de soi des souvenirs, des instants de vie qui rejailliront à la moindre occasion évocatrice. J'aimerais mieux contrôler ces phénomènes et provoquer la nostalgie plutôt qu'elle ne me saisisse avec son acolyte mélancolie.
Après une telle promenade, et dès qu'on retrouve la cohue parisienne, tout est relativisé. L'on regagne son chez-soi serein, prêt à nouveau à affronter ce quotidien qu'on sait dévorant mais dont on ne peut pas se passer.
Cet après-midi, avec Jibé, révision de nos programmes de gym. Voilà un exercice qui me renvoie en plein coeur du palpitement de l'univers.

Publié dans Vie quotidienne

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F
ce sont effectivement deux endroits très charmants... et pour le programme de gym, c'est bien, ça remet la tete à l'endroit :) a +
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B
J'espère j'espère ! pour le moment, je dirais plutôt que je me prends la tête avec ! lol @ bientôt !
S
I miss you,I love you... :-)
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C
Je comprends le besoin que l'on peut avoir à sa recueillir sur une sépulture, mais personnellement je n'aime pas les cimetières parce que souvent je n'y croise que des gens qui pensent aux disparus les jours où ils viennent (1x par an) sur leurs tombes...
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B
Je n'ai pas la même vision. Soit ce sont des touristes, soit des habitués... mais tout est affaire de vision... on s'y promène souvent avec des prédispositions certaines...
A
C’est vrai que le Père Lachaise est un endroit calme, propice au repos. Il y en a qui trouvent cela morbide ; moi ce que je trouve morbide, c’est de vouloir oublier les disparus en évitant de croiser leurs sépultures...
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B
oui, tout à fait d'accord avec toi. la rue peut même me paraître parfois plus morbide qu'un cimetierre.
C
C'est un lieu vraiment magique le père Lachaise, il faut juste éviter de tomber sur les troupeaux de touristes.<br /> Quel est le problème le 25 décembre ? tout le monde vient en pélerinage ? je ne pensais pas que des gens allaient sur les tombes un 25 décembre...<br /> <br /> (salut Papillon, content de te retrouver à nouveau actif ;-) )<br />
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B
Je pense au contraire que ce devait être, pour une fois, un lieu désert... et le fait que ce soit le jour de Noël (qui est synonyme de fête de la naissance) doit rendre à un cimetière un caractère encore plus triste...