Le jour où je me suis senti vivre
C'était hier matin. Je me rendais à mon cours de gym. Le ciel, moucheté de nuages blancs, était d'un bleu d'été annonçant une journée chaude. Je savais que ce ne serait pas le cas, la météo avait prévu la veille un temps modéré, sans excès de température ou de soleil. Je sortais de la station de métro et m'avançais dans les ruelles. Puis j'entendis une voix sourde et des notes lentes et graves : "Ami, entends-tu le vol noir du corbeau..." J'ai levé la tête et ne vis qu'une fenêtre ouverte. Un couple de personnes âgées sortait à cet instant de chez eux et regardèrent aussi en direction de l'immeuble en vieilles pierres. Cet instant dura un moment. Lorsque je repris le cours de mon chemin, le soleil, caché derrière l'habitation, m'envoya ses feux en pleins yeux. Surpris, je mis ma main droite en face de mon visage, la paume tournée vers l'astre qui avait fui le ciel des derniers jours. "Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes..." J'ai senti un souffle chaud s'engouffrer, derrière moi, dans cette impasse. Des enfants se précipitaient pour ramasser un ballon dégonflé.
C'est étrange, parfois, comment des sensations vous envahissent sans cause apparente, sans conséquence, sans doute aussi. Je me suis senti vivre, en cet instant. Je sais que je m'en souviendrai des années plus tard, de la même manière dont je me rappelle de tendres souvenirs d'enfance. Hier, j'ai respiré à pleins poumons un moment de ma vie.
C'est étrange, parfois, comment des sensations vous envahissent sans cause apparente, sans conséquence, sans doute aussi. Je me suis senti vivre, en cet instant. Je sais que je m'en souviendrai des années plus tard, de la même manière dont je me rappelle de tendres souvenirs d'enfance. Hier, j'ai respiré à pleins poumons un moment de ma vie.